BUFFALO "type D" de Brigitte
"REMISE EN ÉTAT "
Pour le BUFFALO de Brigitte, l'expression "remise en état " semble la plus appropriée.
En effet, les travaux effectués ici ne peuvent être qualifiés ni de "restauration",
ni de "remise en route", tant les opérations se sont avérées spécifiques !
Il y a quelques années, le papa de Brigitte lui a offert
un Buggy BUFFALO pour son anniversaire.
Il s'agit du Type D n° 017, mis en circulation à la mi-1970, comme son immatriculation de l'époque le démontre.
C'est à ce jour le plus ancien BUFFALO authentifié.
Brigitte a participé au 2ème BUFFALO FUN RALLYE avec son Type D en mai 1996.
À l'époque déjà, son BUFFALO avait intrigué par son aspect décalé.
Mais les lignes d'origine du Type D ont été en grande partie conservées :
bouchon d'essence latéral, prises d'air, clignotants ajoutés...
Ce BUFFALO D 017 présente toutefois de nombreuses singularités,
car il a été le tout premier BUFFALO à être équipé d'une mécanique Renault 8.
On disait alors "errhuitisé"
Une modification du capot Type D permet le montage d'un radiateur muni de son ventilateur, ce qui en fait un prototype unique !
Les plus perspicaces feront le rapprochement :
c'est bien le BUFFALO unique de Brigitte qui a servi de modèle au jouet de Joustra !
Le radiateur est monté à l'avant, sur des pattes rajoutées au châssis.
Une barre anti-roulis a été montée selon le principe que l'on retrouvera ultérieurement de série sur les BUFFALO type R et Pam1.
On devine sur le panneau arrière l'emplacement initial du remplissage
de liquide de refroidissement prévu pour le radiateur Dauphine à l'arrière.
Le BUFFALO est utilisé un certain temps par Brigitte pour ses balades
ainsi que par Michel pour la promotion de son activité :
Il est recommandé de cliquer, car Rock Traffic, c'est lui !
Mais la vie amène nécessairement à faire des choix.
Brigitte et Michel attendent désormais le passage imminent de la cigogne
qui, en Alsace, est annonciatrice d'un heureux événement...
Après une longue période d'immobilisation pour la bonne cause familiale,
Brigitte a envie de redonner vie à ce BUFFALO si particulier.
L'idée est de conserver ce BUFFALO historique dans sa configuration.
Il ne s'agira donc ni d'une restauration au sens propre, ni d'une remise en route sommaire, mais plutôt d'une opération spécifique qui se situerait à mi-chemin.
ÉTAT DES LIEUX
Visiblement ce BUFFALO a été monté avec des pièces de différentes provenances...
L'instrumentation est pour partie italienne (Veglia), et pour partie française (Jaeger)
La commande des clignotants en bakélite hors d'âge provient d'une antique Citroën Traction !
Si l'on se fie à cette étiquette, la dernière opération d'entretien remonte à loin...
La mécanique est constituée d'un 688-09 prélevé sur une R8 S :
La première chose va consister à remettre le moteur en route
afin d'évaluer son état de santé global.
ALLUMAGE :
Après démontage de l'allumeur, le plateau oxydé et la capsule
de dépression sont remplacés par des pièces de stock non corrodées.
Rupteurs, condensateur, tête et doigt sont évidemment remplacés aussi.
CARBURATION :
Comme l'odeur âcre le confirme, le réservoir à carburant contient encore un vieux fond de "super" plombé" datant vraisemblablement de 1996.
Il est vidangé et démonté.
L'intérieur du réservoir présente des traces de corrosion superficielle.
Un dérouillage intensif aux vis à bois, boulons et huile de coude à l'acide
est réalisé afin de décrocher la saleté.
Au passage, on retrouve sous la trappe les teintes successives du D 017:
orange - rouge - noir
Les conduits de carburant, en matière indéterminée,
sont par contre dans un état pour le moins inquiétants :
durs, craquants, fendus, il demandent à être remplacés immédiatement.
Ce sont les éléments qui ont le moins bien supporté l'immobilisation...
La pompe à carburant fuit par l'axe du levier tandis que l'intérieur
est quasiment bloqué par une épaisse couche de "caramel".
Irrécupérable, elle est remplacée
par un modèle neuf comportant un levier d'amorçage.
Le carburateur Weber 32 DIR nécessite une remise à neuf.
La pompe de reprise est obstruée par une espèce de boue gélatineuse.
Le fond de la cuve est couvert
de microscopiques paillettes de métal et grains de sable.
Le carburateur est démonté en totalité
et les 84 pièces qui le composent sont nettoyées une à une.
Ici, elles n'y sont pas toutes...
Comme avec les LEGO, un éclaté simplifie le remontage
Le flotteur dessoudé est remplacé par un équivalent issu du stock de pièces.
AVANT - APRÈS
Suite à ces longues opérations initiales, le démarrage
du moteur démontre son excellent état de santé :
pas de fumée bleue, pas de claquements ou bruits suspects.
CIRCUIT DE REFROIDISSEMENT :
Brigitte avait évoqué des problèmes de surchauffe en usage intensif.
Pas étonnant : la conception du circuit de refroidissement laisse en effet dubitatif...
IL CONSTITUE UN VÉRITABLE MORCEAU D'ANTHOLOGIE !
La durite de retour d'eau est écrasée et aplatie par l'alternateur et son tendeur !
Le liquide de refroidissement circule donc très mal.
L'alternateur n'étant pas prévu pour le moteur 688, le problème est revu par l'adoption d'une courroie plus longue et la modification du tendeur.
Mais ceci est la moindre des surprises sur ce circuit de refroidissement !
On découvre tout d'abord un embout de purge du radiateur raccordé à un tuyau... l raccordé à un vase d'expansion placé dans l'habitacle, aux pieds du passager.
Cette disposition peut certes chauffer les pieds en demi-saison,
mais peut surtout occasionner de graves brûlures en cas de surchauffe !
En outre, le vase est situé trop bas, bien en-dessous du niveau maximal du circuit ;
il ne peut donc pas remplir son office de régulateur de niveau.
À l'intérieur, la boue d'oxydation confirme les surchauffes successives.
Mais ce n'est pas tout !
Le dispositif de remplissage monté d'origine sur le Type D a été conservé.
Dans cette configuration rustique dite "à circuit ouvert",
le bouchon comporte une soupape destinée à simplement évacuer le liquide
sur la route à partir d'une certaine température.
Outre la soupape défectueuse, à une certaine température le liquide s'échappe donc, empêchant la mise en pression et la circulation d'eau jusqu'au radiateur !
En résumé :
ÇA NE PEUT PAS FONCTIONNER !!!
Il est donc nécessaire de revoir en totalité la conception du circuit.
Le vase d'expansion est déplacé dans le compartiment moteur,
sous les caissons, afin de le placer au point le plus haut du circuit.
Un support spécifique est fabriqué à cet effet.
Une pièce de remplissage étanche est réalisée
afin de remplacer le principe du "circuit ouvert" par un "circuit fermé"
Enfin, un dispositif de purge du radiateur est installé.
Ainsi reconsidéré, le refroidissement du BUFFALO D017
devrait épargner à Brigitte les projections de vapeur brûlante.
FREINAGE :
Comme l'on peut s'y attendre après une si longue immobilisation,
les freins nécessitent une réfection totale.
La réfection des étriers, qui aurait dû être une simple formalité,
est retardée en raison de flexibles inadéquats.
L'échange auprès du fournisseur prendra plusieurs semaines !
Le maître-cylindre avait été changé avant l'immobilisation.
Après démontage, il s'avère en parfait état .
Cependant, la tige de commande trop longue maintient une légère pression.
Elle est échangée contre une homologue adéquate issue du stock.
Le répartiteur mort est viré. Rarement fonctionnel et complètement superflu en raison du faible poids du BUFFALO, il est viré et remplacé par un T de dérivation.
On note au passage que si le châssis est très sain,
les éléments mécaniques de provenance Renault sont couverts de rouille.
Cette oxydation superficielle pourra cependant être éliminée ultérieurement.
Voilà, ça freine !
DIRECTION :
Dès la sortie du lieu de remisage, on constate un point dur, un flou et un faux-rond dans la direction. Ce défaut s'accentue d'ailleurs très rapidement.
En y regardant de plus près,on constate
que le flector en provenance de la Dauphine tombe littéralement en miettes.
L'explication est que le pignon Dauphine et la colonne R8 ne sont pas compatibles.
Jusqu'ici, à chaque action sur le volant, l'ensemble tournait de force, entraînant la déchirure progressive de de l'antique flector.
Heureusement que la rupture totale n'avait pas encore eu lieu !!!
Un flector caoutchouc commandé neuf en amont
ne convient pas en raison de la dimension insuffisante du trou central.
Or un équivalent est totalement introuvable sur le marché actuel
Encore une fois, le stock de pièces de réserve sauvera la situation.
EMBRAYAGE
Lors du premier test roulant long de 200 mètres pour vérifier le fonctionnement du moteur, le câble d'embrayage (d'origine inconnue !) lâche soudain.
CRAC ! Plus d'embrayage !
Cette mésaventure permet d'étudier son montage...
et ensuite le modifier car la commande est très dure.
Trop long pour le BUFFALO, on s'était contenté de lui faire faire 2 boucles !
Le câble a donc été raccourci de près de 55 cm
afin de lui faire décrire un parcours de tension rectiligne de l'avant à l'arrière.
Une découpe est pratiquée dans le plancher afin de supprimer les angles fermés.
ÉLECTRICITÉ :
Le circuit électrique constitue un véritable morceau de bravoure.
Dès le branchement de la batterie et sans le contact, les instruments et accessoires sont sous tension :
- les manomètres sont actifs
- la bobine est alimentée en permanence et chauffe donc
- l'allumage manuel du ventilateur provoque -parfois- un coup de klaxon !
- l'action de l'interrupteur de lave-glace provoque le saut de plusieurs fusible.
- ... etc, etc !
La suite en quelques images explicites !
Le faisceau arrière nécessite normalement 12 fils sur un Buffalo tout équipé.
Ici, on en compte 32 !
Après avoir envisagé un temps la réutilisation du faisceau d'origine,
il devient évident que la seule solution est de le virer et recommencer le tout à zéro.
Peu de photos du nouveau circuit électrique,
car cette étape exige une grosse concentration.
Mais pas un seul minuscule morceau de câble ou cosse n'a été réutilisé !
Le ventilateur monté initialement en alimentation directe a été équipé d'un relais et fonctionne désormais en automatique ou en forcé.
Hopla, ça brûle ! (Expression locale)
Contacteur ARMAN
Surprise lors de la réfection du circuit électrique :
le contacteur anti-vol n'est pas un NEIMAN comme sur 99,9 % des BUFFALO.
Ici, nous découvrons un ARMAN.
Après recherches il s'avère qu'il provient d'une FIAT 1100 ou 850.
Lors des essais initiaux, des coupures intempestives du moteur se produisaient.
Ce défaut avait alors été mis sur le compte du circuit électrique douteux.
Mais après la refabrication totale du nouveau circuit, le défaut perdure !!!
C'est donc au niveau de la clé de contact que le problème se situe.
Il est envisagé de remplacer ce déroutant ARMAN par un plus classique NEIMAN.
Hélas, celui-ci est de diamètre inférieur
et ne s'adapte donc ni au support, ni au dispositif anti-vol de la colonne !
La seule solution consiste à tenter une réparation. C'est un travail qui nécessite une minutie d'horloger et une infinie patience... sans garantie préalable de résultat !
L'ARMAN est démonté avec d'infinies précautions.
Il est composé de pièces minuscules
dont certaines doivent être manipulées à l'aide d'une pince à épiler.
Le dysfonctionnement est imputable à l'usure
des patins du bloc tournant (à gauche sur la photo)
La pression sur les lamelles de contact (à droite) se fait mal. Celles-ci sont donc légèrement redressées afin de recréer un contact permanent au moment voulu.
Sous les minuscules ressorts se trouvent
des billes de verrouillage dont le diamètre est inférieur à 1mm.
Après plusieurs heures et une multitude de jurons qu'il serait indécent de répéter ici, l'ARMAN retrouve sa place... et fonctionne cette fois parfaitement !
Hopla, ça démarre !
DIVERS
La fixation des sièges a été faite à l'origine par le dessous par des boulons trop longs.
Ils sont remis en place avec des boulons à tête arrondie,
et repositionnés de manière plus verticale pour une meilleure position de conduite.
Les fixations latérales des harnais sont inversées.
Elles sont décroisées et remises au bon endroit afin de permettre leur réglage.
Les essuie-glaces qui balayaient surtout le joint
sont modifiés afin de s'adapter au pare-brise.
Il devient parfois difficile de trouver des balais compatibles.
Les balais de lunette arrière VW Golf 4 font l'affaire.
Lors de la suppression du réservoir de lave-glace, en guise de signe d'achèvement
on découvre soudain la plaque constructeur d'origine
Après une si longue attente, Brigitte peut enfin retrouver les sensations au volant
d'un BUFFALO, au travers d'un bref essai avant le passage au contrôle technique.
Verdict : en tout et pour tout, léger ripage du train avant...
Et cette fois il ne manque plus que le soleil afin que Brigitte et Éva puissent profiter pleinement des bonheurs d'un Buggy BUFFALO pas comme les autres...
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